mardi 19 février 2002
FrançoisGouffre de la mort qui tue, épisode 2
Vous avez donc appris dans le dernier message de Gaël que nous avions trouvé un gouffre, LE gouffre de la mort qui tue ainsi désigné entre nous en raison de la marche d'approche un peu sportive et de ses dimensions qui sont tout aussi sportives...
Nous avions donc décidé d'attaquer l'ascension du massif par le nord pour rejoindre la Nam Xang Nua et suivre son cours jusqu'au dit gouffre. Certes le chemin est beaucoup plus long par le nord, mais il semblait plus doux que la montée par Tham Hoï. Ayant laissé une partie de notre matériel sur place hier soir, bien caché sous des feuilles de bananier, nous nous sommes préparés ce matin dans l'objectif d'un bivouac sur place ce soir.
Em conséquence, nous avons fait le marché pour trouver des hamacs, de l'eau et de la nourriture pour passer le temps nécéssaire à l'équipement et à la topographie du gouffre.
Le tuk tuk nous à déposé dans un petit village au bord de la route 13, et nous avonc commencé notre ascension vers l'ancien village de Nampim (ban Nampin) en croisant de nombreuses personnes qui travaillaient dans les vergers puisque la premiere partie de la vallee est plantée de citronniers, pamplemoussiers et mandariniers.
- ban nampim ? demandions-nous..
et on nous montrait du doigt le bon sentier à suivre.
Plus haut nous entendons des détonations diverses et répétées, du 22 long rifle et du plus gros calibre selon certaines estimations, alors qu'il ne s'agit en fait que d'un buisson de bambous en train de bruler sous le regard des bucherons. La parano s'installe. Heureusement, nous savons déjà que la region ne contient plus de tigres dans les montagnes.
C'est ainsi qu'après 2 heures de marche, 30 degrés à l'ombre et 20 kilos sur le dos, nous arrivons à proximité de cet ancien village Hmong (une minorité lao vivant dans les montagnes) et qui est aujourd'hui abandonné, à l'exception d'un petit champ dans lequel nous remarquons quelques plants de pavot arrivés à maturité.
Après une pause déjeuner bien méritée, nous poursuivons notre chemin en espérant bientôt retrouver le lit de la Nam Xang Nua, croisant sur notre route un "chasseur" qui, à l'approche de notre groupe, à jeté une pétoire faite maison dans les buissons. Canon très long, arme à poudre noire, la détente tient avec un elastique!!! Après photo, nous lui restituons son engin et continuons.
Jusque là, tout allait bien, le sentier etait bien visible, la piste facile à suivre, mais nous arrivons dans une zone où tous les arbres ont été coupés, et il nous faut progresser en marchant sur les branches, sans trop voir où le pied s'enfonce dans les brindilles et les feuilles mortes.
La suite du chemin n'étant pas évidente, nous rebroussons jusqu'à un autre embranchement en tentant de suivre le cours d'une rivière asséchée. Pas de chance, nous retombons de nouveau sur une zone déboisée, puis dans la jungle elle même, decidant d'aller tout droit en utilisant le coupe coupe acheté ce matin.
Nous errons presque une heure, en quête d'une nouvelle piste, mais l'heure passé, il est bientôt 16:00 et nous en avons plein les jambes. nous avons déjà fait presque 6 km, 600 m de denivelé, et il nous reste environ 4 km pour atteindre notre objectif.
J'ai l'impression de participer à une course d'orientation, le côté ludique en moins !
Nous faisons donc sagement demi tour, dépités et transpirants, ruisselant de sueur.
Lorsque nous repassons l'ancien village de Nampin, nous remarquons que les têtes de pavot ont ete incisées depuis notre passage du matin.
Séance photo pour immortaliser l'une des spécialités du cru, avec une photo qui, réussie, promet d'avoir du succès.
La descente vers la route se poursuit, Yann et Gaël sont devant, tandis que Gabriel et moi fermons la marche, et nos 2 groupes finissent par s'espacer un peu.
C'est au détour d'un virage que nous retrouvons nos compères, en compagnie de 4 types armés de AK47 pour l'un, le chef, et de fusils d'assaut chinois pour les 3 autres.
-Sabaïdi!! (je préfère rester poli et dire bonjour à ces messieurs).
Qui sont-ils ? trafiquants d'opium ? miliciens ? rebelles ? simples ranconneurs ?
En tout cas, ils nous escortent bien gentiment jusqu'au village, où nous devenons l'attraction générale. Le chef (c'est le chef car, même s'il porte un short de foot aux couleurs d'une équipe allemande, il a la chemise kaki) nous propose d'attendre en fumant une cigarette, et regarde avec insistance mes chaussures de rando ainsi que celles de Yann (Gaël a des tennis et Gabriel des tongs).
Ensuite, c'est un veritable défilé de tous ceux qui parlent quelques mots d'anglais pour comprendre ce que nous faisions là haut. De la randonnée bien sûr, pas question de la spéléo, trop difficile à expliquer.
Gabriel explique en lao, et nous entendons bientôt que tout va bien, mais bon, pas question de partir pour le moment.
On nous propose d'attendre le tuk tuk pour Vang Vieng, mais il fait déjà nuit et l'attente est longue.
Finalement, après bien des marchandages, pour 20 FRF par personnes nous sommes rapatriés à Vang Vieng en pick up, avec escorte armée sur le plateau.
Au moment de monter à bord du véhicule, un villageois propose de la ganja à Yann qui refuse bien vite.
Notre entrée en ville reste discrète.
En reprenant nos sacs, Yann confond la bretelle de son kit avec celle de la kalaschnikov et manque de repartir avec !
2 des types nous suivent jusqu'à la guest house afin de poser des questions aux proprietaires.
Plus d'émotions que de réels problèmes, mais nous ne savons pas encore pourquoi la zone dans laquelle nous étions, en particulier ban nampin est "tabou". Les parties déboisées sont elles promises à la culture du pavot ??? Pourquoi les indigènes peuvent-ils y circuler et pas nous ?
Avons-nous été pris pour des americains de la DEA, ou bien des militaires ?
En conclusion, le gouffre de la mort qui tue mérite bien son nom, et nous comptons y retourner demain pour récuperer notre matériel et en faire l'exploration. Seulement, nous monterons cette fois ci par Tham Hoï.
FC